Jean Giono et la montagne de Lure.

La montagne de Lure, joyau de la Haute Provence.

La montagne de Lure, située dans le département des Alpes-de-Haute-Provence, est le troisième pilier de la trilogie des Provence qui commence par la Basse Provence de Mistral, puis la Provence de la côte Méditerranéenne de Pagnol et se termine par la Haute Provence de Giono beaucoup plus aride et sèche comme on peut le découvrir dans les romans dont l’histoire se déroule dans ces lieux comme « Provence Perdue », « Que ma joie demeure » … Chacune de ces trois Provence possède son lot de mystères et ses coutumes qui les distinguent et les différencient profondément sans parler des différences entre les patois locaux. Située à proximité du Luberon, la montagne de Lure est un lieu emblématique de la région provençale qui a profondément marqué l’œuvre de l’écrivain Jean Giono et qui continue d’attirer les amateurs de nature et d’anecdotes littéraires. Cette montagne, caractérisée par ses paysages plus arides que le Luberon, a été le théâtre de nombreuses rencontres et inspirations pour l’auteur.

Elle se distingue de ses deux voisins qui sont le Luberon et le Ventoux par ses vastes forêts de chênes verts, ses vallées profondes avec des canyons et ses sommets rocailleux qui s’élèvent majestueusement. Etant donné que nous sommes dans l’arrière-pays coincé entre le Luberon qui profite des nuages venant du sud et le Ventoux à l’ouest, la rigueur de la sécheresse induit des paysages plus arides avec une végétation rabougrie principalement composée d’herbes et arbustes incluant la lavande sauvage, la sarriette, le thym, ce qui constitue d’ailleurs la base des herbes de Provence utilisées dans la cuisine. Le début du printemps était à l’époque caractérisé par la transhumance des moutons venant à pied depuis la Camargue et les Alpilles pour chercher de l’herbe encore verte et la fraîcheur sur les sommets de la montagne de Lure et du mont Ventoux. C’est d’ailleurs pour cette raison que les bories ont été construits sur les parcours, pour accueillir les bergers et les moutons dans la nuit. Ces mêmes bergers profitaient du commerce local et achetaient des fromages de Banon constitués de fromage de chèvre qui pour être conservés étaient entourés dans des feuilles de châtaigniers issus de la région de Banon. Cette tradition de transhumance est encore bien présente, même si elle ne s’effectue pratiquement plus à pied.

Jean Giono et son amour pour la montagne de Lure.

C’est dans cet environnement aride que Jean Giono a trouvé une source d’inspiration pour ses œuvres parmi les plus célèbres, tels que « Regain » et « Que ma joie demeure ». Il parcourait à pied la plupart des chemins qu’il repérait lui-même sur des cartes d’état-major conservées intactes dans son bureau et sur lesquelles nous pouvons observer les tracés de ses balades. La montagne de Lure et ses petits villages, dont beaucoup étaient en ruine, abandonnés au siècle dernier, a joué un rôle essentiel dans sa vie et dans son œuvre.

Un autre fait marquant de la vie de Jean Giono s’est aussi produite sur les flancs de la Montagne de Lure. C’est au Redortiers, non loin du village du Contadour qu’il allait rende visite à sa future femme, Elise, qui y était institutrice.

Epris de la Montagne de Lure et de ses environs, il décida d’acquérir une maison de campagne dans la région du Contadour afin d’y passer plus de temps avec ses amis et notamment l’artiste peintre et écrivain Lucien Jacques. Les promenades de Giono dans la région ont grandement influencé son écriture. Il puisait son inspiration dans la beauté sauvage et préservée de la Montagne de Lure, utilisant les paysages et les habitants locaux comme toile de fond pour ses histoires. Ses descriptions précises et poétiques des lieux et des gens sont le reflet de son profond attachement à cette région et de sa perspicacité dans l’observation de la nature. Le Redortiers marque le début des alpages avant d’arriver au domaine des Fraches et le basculement dans la vallée du Jabron. C’est un lieu isolé à proximité duquel on peut découvrir le village abandonné du Vieux Redortiers ayant probablement servi de toile de fond au roman « Regain ».

Rencontre avec Jean et Elise Giono

Ma rencontre avec Jean Giono a été brève à l’époque, car trop jeune pour apprécier le moment. Elle fut plus édifiante avec sa femme Elise Giono, avec laquelle j’ai passé des moments agréables à écouter quelques anecdotes autour d’une tasse de thé entre deux photos. Ces moments privilégiés m’ont permis de mieux comprendre l’importance de la Montagne de Lure dans la vie de Jean Giono et dans son œuvre littéraire.

La Montagne de Lure est bien plus qu’un simple massif montagneux de la Haute Provence. C’est un lieu chargé d’histoire, de rencontres et d’inspiration pour l’écrivain Jean Giono, c’est un lieu plein de souvenirs, de secrets et de plénitude. Ses différences géographiques et sa beauté naturelle en font un endroit unique qui continue d’enchanter ceux qui le découvrent. La montagne de Lure demeure un témoignage vivant de l’impact profond qu’un lieu peut avoir sur la créativité d’un artiste, et elle continue d’attirer les visiteurs en quête de cette même inspiration.

Toutes mes pensées et mes remerciements à Aline et Sylvie Giono pour leur disponibilité tout au long des nombreuses rencontres ayant permis la réalisation de ce travail.

Manosque (France) – Novembre 2023

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