Budapest, le Danube fait le beau.
S’il est une ville en Europe chargée d’histoire, c’est bien Budapest. L’histoire de Budapest commence avec la ville la plus ancienne : Obuda, occupée par les tribus celtes jusqu’à la conquête des Romains au Ier siècle av. J.-C. Obuda, que les Romains ont appelé « Aquincum », a été fondée en 89 sur un ancien établissement celte. Durant quatre siècles, elle a été la capitale de la région romaine de Pannonie. Aquincum provient du mot « aqua » (avec de l’eau), en honneur aux nombreuses sources thermales qui faisait la réputation de Budapest. Les Magyars arrivent dans la région en 896 ap. J.-C., sept tribus Magyars formées de redoutables guerriers se rassemblent pour de vaincre les Romains. La ville actuelle est créée le 17 novembre 1873 par la fusion de Buda — alors capitale de la Hongrie —, de Pest et d’Óbuda.
Au centre de la ville, coule le Danube, le plus long fleuve d’Europe qui a très largement contribué à l’histoire du pays avec ses voies navigables. C’est cette première image que l’on découvre dès que l’on balade dans la ville et qui n’est pas sans rappeler Paris avec ses ponts majestueux permettant de passer d’une rive à l’autre. Ce n’était pas le cas à l’époque ancienne. En cet hiver de 2017, il y fait froid. Ce n’est pas inhabituel, car le climat y est continental et le lever du jour offre souvent des images douces avec beaucoup de brume qui se disperse quelquefois seulement dans l’après-midi et qui enveloppe les images de plein de mystères.
Budapest est une ville décidément agréable au point qu’il ne faut pas oublier son maillot de bain, et ce, quelle que soit la température extérieure et l’heure de la journée. Ce sont d’ailleurs les Romains qui avaient donné à Budapest le nom d’Aquincum en référence aux thermes qu’ils fréquentaient déjà. C’est donc avec un sentiment mitigé que je me mets à l’eau pour ne plus en sortir pendant un long moment afin d’éviter d’affronter le froid piquant. Juste le temps d’enfiler les patins à glace pour une exhibition sur la patinoire publique locale avant d’aller se réchauffer en dégustant un café ou un chocolat avec le fameux gâteau de cheminée « kürtőskalács », originaire de Transylvanie. Mais le froid et la neige ramènent toujours l’esprit à la réalité de terrain avant de repartir pour des aventures nocturnes imaginaires ou réelles comme le décrit le poète Domagoj Sirotinja.
Budapest
par Domagoj Sirotinja
Des milliers d’ampoules présentes, des ampoules géantes, creusées par la pluie, lumières dans le cœur de Pest, dans l’antre de Buda la royale, dans les yeux des filles sportives, sur les ponts qui sont autant de jambes, dans la flamme encore présente de Petőfi. Et cette grande roue qui surplombe la ville, ces lampions qui tombent en figures libres dans la profonde mouvance de la nuit, quand le quartier juif et ces ruin pubs deviennent le centre de la fête. Et le vin enverra ses étoiles, et la lune sera pleine de surprise, et Cseh Tamás résonnera sur les fronts de ses vers roulants jusqu’à l’aurore ! Ce sera pour l’éveil un voyage incessant, perché sur l’arête entre orient et occident, lové dans ce pays entouré de terres slaves, ouvert à tous les vents de caractère, embrassant le Danube et ses loups solitaires. @ Edi Sorić
Budapest (Hongrie) – Janvier 2017