Les tribus du Nord de la Thaïlande.

Dans le nord de la Thaïlande, près de Mae Hong Son, il existe une zone très particulière, célèbre dans le passé pour la culture du pavot qui fait partie du triangle d’or partagé entre Birmanie, Laos et Thaïlande. La province de Mae Hong Son et Chiang Mai accueille depuis longtemps un flux migratoire venant de Chine, de Birmanie, du Laos et plus généralement les Sino Tibétains, Austro Thaï et Austro Asiatiques ayant quittés leurs régions dans le courant du XXème siècle. 38 ethnies différentes au total parmi lesquelles, les Karen sont une des plus abondante avec les Lisu et les célèbres Padong aux longs coups. Les trois étant issues de Birmanie, mais antérieurement plutôt des régions Sino Tibétaines.

Chaque ethnie est représentée par ses traditions vestimentaires ou décoratives. La plus célèbre étant la tribu des Padaung avec les femmes arborant des colliers en laiton que les enfants commencent à porter vers l’âge de 5 ans.

Ce collier est fait d’un seul fil de laiton enroulé pendant des heures autour du cou. Quant aux adultes, si pour certaines activités, il semble que le collier ne soit pas gênant, pour d’autres, c’est une autre affaire, car il est impossible de l’enlever, même pour dormir. Contrairement à la croyance, ces spirales ne provoquent pas l’allongement du cou, mais elles appuient sur les côtes en les repoussant vers le bas. Ainsi, le collier tombe sur les épaules, puis, après quelque temps il devient trop large et pas assez grand pour envelopper encore tout le cou. C’est à ce moment qu’il est remplacé par une spirale plus longue. De même, lors du remplacement ou lors des examens médicaux, il n’y a pas de risque de décès dù à la chute de la tête sur le côté. L’origine anthropologique avancée pour le port de ce collier est triple, pour se protéger contre les morsures de tigres ; pour rendre les femmes moins attrayantes aux yeux des autres tribus afin qu’elles ne se marient pas en dehors de la leur ou qu’elles ne soient pas prises en esclavage ; pour leur donner une ressemblance avec un dragon (qui est une figure importante du folklore Padaung) mais la plupart de ces hypothèses ne sont pas vérifiées et la véritable origine de cette tradition reste encore un mystère.

Les tribus, Lahu, Akha, Mien, Hmong, Palong, Mlabri, Khamu, Lawa, Lisu, Karen ont toutes des particularité vestimentaires, décoratives et des coutumes qui les rendent attachantes et fort enrichissantes culturellement.

Comme toujours, les femmes sont les principaux piliers de ces traditions et leurs temps se partage entre la maison et les activités comme le tissage, la culture, la confection d’objets. Les hommes quant à eux sont le plus souvent à la chasse ou à la pêche.

Actuellement, ces tribus sont généralement désignées par le terme «Tribu des collines» et ce n’est qu’en 1960 que les officiels thaïlandais commenceront à utiliser le terme « Peuple des collines » (Chao Khao) pour désigner invariablement toutes les composantes de ce peuple. Si l’origine de la plupart de ses flux migratoires entre hauteurs tibétaines et la province du Yunnan en Chine est généralement admise, les motifs qui sous-tendent leurs migrations oscillent entre la quête de ressources naturelles et la fuite des conflits armés dans lesquels ils ont été entraînés contre leur gré.

D’après les articles que l’on peut lire dans le journal «Chiang Mai News», les Akhas ont migré au Laos depuis leur Chine natale, pour aller en Birmanie et en Thaïlande, fuyant tour à tour guerres civiles, invasions mongoles et persécutions. Les Hmongs ont subi de plein fouet la guerre froide, notamment au Vietnam et au Laos. De leur côté, les Karens auraient traversé le désert de Gobi pour s’installer en Thaïlande avant les Thaïs, dès le 11e siècle. Les Lahus se sont installés en Thaïlande après la victoire du Pathet Lao qu’ils ont combattu avec le soutien de la CIA. Après une présence multimillénaire en Chine, les Lisus se sont établis dans les hauteurs thaïlandaises suite à une escale mouvementée à Momeik et Mogok en Birmanie. Enfin, les Yaos ont entamé leur processus migratoire pour fuir les invasions mongoles et les accrochages répétés avec les Chinois du Nord.

Ces péripéties migratoires induisent beaucoup d’empathie pour ces tribus et leurs traditions qu’il serait dommage de voir disparaître dans le brouhaha de la mondialisation galopante et monotone.

Mae Hong Son (Thaïlande) – 2014

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